Nous avons tous en mémoire l’orgue sur lequel le père Désiré Dayez accompagnait les offices, prenant parfois des colères noires, lorsque nous ne suivions pas le tempo.
Cet orgue a une longue histoire.
Il est construit en 1859 à la demande de Charles Gounod, par l’illustre facteur d’orgues Aristide Cavaillé-Coll, pour le Théâtre Lyrique de Paris. Selon Marcel Dupré, Aristide Cavaillé-Coll aurait gracieusement monté et prêté cet orgue pour la première de « Faust » de Charles Gounod créé le 19 mars 1859. En effet, Léon Carvalho directeur du théâtre, n’avait pas les crédits nécessaires pour payer le montage de l’instrument. Vraisemblablement placé en coulisse, donc invisible du public, il n’a jamais eu de tuyaux de façade ni de vrai buffet. Il se présente sous la forme d’une simple caisse, une « boîte expressive », flanquée de basses en bois.
Lorsque le théâtre ferme en juin 1862, il est sans doute conservé dans les ateliers Cavaillé-Coll avant d’être acheté par le diocèse de Grenoble et transféré le 27 juin 1863 à la Cathédrale de Grenoble. C’est probablement à cette époque que la « Fourniture » (jeu d'orgue qui donne, avec la fondamentale, les premiers sons harmoniques ou partiels) disparaît, remplacée par un « Basson-Hautbois ».
Camille Saint-Saëns, organiste à la Madeleine, s’est produit sur cet orgue quelques années plus tard, le 26 février 1869.
Après l’expropriation du 20 décembre 1906, l’orgue de l’ancien séminaire « du Clapier » à la Côte-Saint-André est affecté à la cathédrale de Grenoble et le Cavaillé-Coll est laissé en échange vers 1928, au petit séminaire alors installé à Saint-Antoine-l’Abbaye.
Ecoutons à présent le récit d’un ancien, Jean Berthelet :
« Je suis rentré au petit séminaire de Saint-Antoine-l’Abbaye le 1er octobre 1926… Au cours des années scolaires 1928-29 et 1929-30, un jeune séminariste, musicien dans l’âme, avait eu l’autorisation de passer ses temps libres et ses récréations à essayer de remonter un orgue, entreposé en pièces détachées dans un local genre débarras, au fond de la chapelle. Sur deux années où il consacra, il me semble, une partie de ses vacances, il réussit seul l’exploit de faire fonctionner cet orgue qui fut installé dans la chapelle du petit séminaire. Cet adolescent que j’ai bien connu ne s’intéressait pas au sport mais était passionné de musique. Il n’était autre que Jacques Tritsch (1913-1991) qui sera plus tard, l’arrangeur et la basse des « Quatre Barbus ».
En 1933, l’orgue est transféré de la chapelle de Saint-Antoine-l'Abbaye, à la nouvelle chapelle du petit séminaire de Voreppe, par le facteur d'orgues lyonnais Athanase Dunand. Il y restera jusqu’en 1979.
En 1968, Curt Schwenkedell de Strasbourg remplace les jeux de « Gambe et de Flûte Octaviante » par un « Bourdon 8 et une doublette 2 ». Trois ans plus tard il remplace la console d’origine.
Enfin en 1980-81, l’orgue est déplacé dans l’église Saint-Didier de Voreppe, sous l'impulsion de l'ADOV (Amis De l’Orgue de Voreppe), créée par le Père Henri Bin et Paul Gratier. Les facteurs d’orgues Dominique Promonet et Patrick Steinmann de Rives en assurent le transfert, la révision complète et les modifications. Il est inauguré le 20 mars 1981 par René Saorgin, illustre organiste de Nice.
Une souscription ouverte en 2004 permet une nouvelle restauration et l'adjonction de 2 jeux, un « cornet de 3 rangs et un plein-jeu de 4 rangs » et la construction d'un buffet. Il possède actuellement 8 jeux sur 2 claviers (56 notes) et un pédalier (30 notes).
Charles Paillet
Présentation de l'orgue par Joseph COPPEY.
Remerciements à :
- Dominique Promonet, facteur d’orgue et ancien du petit séminaire de Voreppe (1961-67)
- Dominique Roche actuel président de l’ADOV.