- Le 1er séminaire des « Récollets » à La Côte-Saint-André
L’origine du couvent des Récollets à La Côte-Saint-André remonterait au 14ème siècle.
Les Récollets sont des religieux issus d’une branche de l'Ordre des frères mineurs de St François d'Assise, ainsi nommés parce qu'ils n'admettaient dans leur ordre que ceux qui avaient l'esprit de récollection ou de recueillement. Récollets vient du latin « recollecti » : recueillis.
Ce sont eux qui relèvent les ruines de l’ancien couvent détruit entre 1518 (Jean de Maubec) et 1568 (De Gordes et baron des Adrets). Vers 1612, ils édifient une église et un nouveau couvent qu’ils occupent jusqu’à la Révolution. Déclaré « bien national », ce couvent est vendu à la commune de La Côte-Saint-André. Le 15 mai 1806, Monseigneur Simon, évêque de Grenoble, signe avec la commune une convention de mise à disposition gratuite des bâtiments, pour une durée de 30 ans, afin de créer une école ecclésiastique (la première en exercice dans le diocèse). La ville reste propriétaire mais doit assurer l'entretien des bâtiments, à condition que l'établissement accueille gratuitement chaque année, 6 élèves externes, appartenant à des familles côtoises de condition modeste. Les premiers élèves investissent les lieux le 3 novembre 1806. Quelques années plus tard, Monseigneur Simon propose le rachat de l'ancien couvent, ce qui est accepté. La vente est signée le 28 mars 1810. Hector Berlioz dès l'âge de 6 ans y est pensionnaire, quelques années, avant que son père n’assure lui-même son éducation, après la fermeture de 1811.
Le 1 juillet 1811, le collège ferme ses portes en vertu d'un décret impérial, jusqu'à la Restauration. Il ouvre à nouveau en 1814. En 1857 il devient "petit séminaire" et en 1860 s'ouvre la première classe de philosophie.
Ce couvent est détruit au début du 20ème siècle pour laisser place aux établissements Rocher.
Carte postale de l’entrée du séminaire sur la place des Récollets, à la fin du 19ème siècle, avec à gauche la partie la plus ancienne du collège initial et sur la droite l’extension construite vers 1816.
Seconde vue : les bâtiments les plus récents pris depuis la colline du Clapier, sur la gauche les voutes du premier couvent médiéval.
- Le 2ème séminaire « du Clapier » à La Côte-Saint-André
Devant la vétusté des bâtiments de l’ancien séminaire « des Récollets », la construction d’un nouveau bâtiment est envisagée, non loin de l’ancien, sur la colline du « Clapier ». Le projet est confié à l’architecte Paul Pérouse de Montclos. La première pierre de la chapelle est posée le 6 juillet 1899 et les élèves effectuent leur rentrée le 22 octobre 1902.
Le 20 décembre 1906, de par la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, l’établissement est fermé et mis sous séquestre au profit de l’Etat.
Les bâtiments accueillent dans un premier temps les troupes du 140ème régiment d’infanterie, puis un hôpital militaire durant la première guerre mondiale. Par la suite ils restent plusieurs années inoccupés, jusqu’au 28 avril 1925, date à laquelle le Conseil Général en devient propriétaire, pour y établir un orphelinat départemental.
Depuis 1987 la fondation « les Orphelins Apprentis d’Auteuil » a investi les lieux.
L’ancien séminaire du « Clapier » construit en 1902
- Le 3ème séminaire à Saint-Antoine-l’Abbaye
Le 1er novembre 1907, les élèves dispersés depuis l’expropriation sont recueillis à Saint-Antoine-l’Abbaye jusqu’à la construction et l’ouverture d’un nouveau séminaire à Voreppe en 1933.
- Le 4ème séminaire à Voreppe
Après la première guerre mondiale, Monseigneur Caillot décide la construction d’un nouvel établissement. La situation géographique de Voreppe, proche des voies de communication desservant Voiron, St Marcellin et Grenoble, en fait un lieu idéal. L’architecte Pierre Pouradier-Duteil en dessine les plans. L’ouvrage, svelte et sobre est réalisé en béton armé, stylisant une colombe, symbole de paix ou d'envol de la "vocation". La réalisation est confiée aux entrepreneurs Dotto et Delachanal pour la chapelle.
Les travaux commencent le 17décembre 1931 et durent 18 mois. Le 17 mai 1932, a lieu la pose et la bénédiction de la première pierre de la chapelle et le 5 mai 1933 la croix est fixée au sommet du clocher. Les nouveaux bâtiments sont inaugurés le 5 juillet 1933, plus de 250 anciens sont présents. Les premiers élèves arrivent en octobre de la même année.
La chapelle concentre toutes les attentions artistiques : Henri Charlier sculpte les bas-reliefs du maître-autel ainsi qu'un Sacré-Cœur en bois polychrome pour le trumeau de la porte d'entrée. Marguerite Huré réalise les 11 vitraux constitués chacun de 1 160 petits morceaux de verre avec une progression de couleurs évoquant la vie du prêtre.
- le 24 juin 1940, les obus allemands tombent sur la propriété et provoquent de sérieux dégâts aux façades et à la toiture. De nombreuses vitres sont brisées, heureusement les vitraux ne souffrent pas trop. L’armistice, signé au milieu de la nuit, sauve sans doute le bâtiment.
- 1968 : l’ex petit séminaire devient le « collège du Sacré-Cœur ».
- 1973 : signature d’un contrat avec l’Etat.
- 1979 : installation d’une section boulangerie.
- 1980 : le lycée d’enseignement technique et professionnel (formation couture, hôtellerie) de Grenoble déménage à Voreppe et prend le nom de « la Jacquinière » (nom du quartier de Voreppe).
- 1986 : ouverture de la section « Electrotechnique ».
- 1988 : fusion du lycée et du collège avec direction commune.
- 2002/2003 : construction d’un nouveau bâtiment pour l’hôtellerie et la boulangerie.
- 2003 : le 10 mars 2003 le label "Patrimoine du XXème siècle" a été décerné à l'Ancien Petit Séminaire.
Le collège du Sacré-Cœur et le lycée technique « la Jacquinière » prennent le nom de « Ensemble catholique les Portes de Chartreuse ».
Charles Paillet
Sources :
- 24 juin 1940, A.Caillot, Gal Cartier, J. Vittoz (imprimerie Allier, novembre 1940).
- Juin 1940 Voreppe : Rempart de Grenoble de Jean-Claude Blanchet et Gaston Reynier (251 pages au format 24 x 14,5 cm, édité à compte d’auteur en 1990 par la commune de Voreppe, incluant 4 photos du séminaire endommagé par les bombes).
Remerciements à :
- Madame Béatrice Juhel, directrice du collège et lycée « Les Portes de Chartreuse » en 2013,
- Patrick Fonvieille, pour ses renseignements et l’illustration du séminaire des « Récollets ».