Le petit séminaire diocésain, chassé de La Côte-Saint-André le 20 décembre 1906, s’installe provisoirement le 1er novembre 1907 à Saint-Antoine-L’Abbaye. Le provisoire dure 25 ans. Toutefois les bâtiments anciens sont peu pratiques, l’accès est difficile et la vie de communauté souffre de voisinages et de servitudes qu’il faut subir. Aussi la nécessité d’un petit séminaire, si possible d’accès facile, se fait sentir depuis déjà longtemps. La perspective de revenir dans les bâtiments du séminaire du Clapier à La Côte-Saint-André s’est éloignée suite à l’installation de l’orphelinat interdépartemental. Monseigneur Caillot prend alors la décision de construire un nouveau petit séminaire pouvant accueillir au moins 200 élèves.
Un premier emplacement est tout d’abord envisagé à St Egrève, il y a même deux propositions de terrain mais le prix est élevé.
- 11 juin 1931 : un nouvel emplacement est proposé à la Jacquinière sur la commune de Voreppe. Monseigneur s’y rend le jour même. L’emplacement lui plait beaucoup et le prix est très attractif.
- 13 juin 1931 : Monseigneur propose à l’architecte monsieur Martin de construire le nouveau petit séminaire. Celui-ci accepte avec enthousiasme et se met rapidement à faire des projets et des croquis. Malheureusement il décède le 6 juillet sur la table d’opération.
- 11 juillet 1931 : Monseigneur engage Pierre Pouradier Duteil, acquéreur du cabinet de monsieur Martin.
- Après de nombreux pourparlers et de longues réflexions, le terrain est acheté début août.
- De son côté Monsieur Pouradier-Duteil dessine les premières esquisses. Il visite avec Monseigneur Caillot d’autres établissements afin de comparer, prendre des idées, éviter les erreurs.
- 21 août 1931 : Monsieur Pouradier apporte les premiers plans et présente son projet le 25 août au grand séminaire.
- 28 août 1931 : Monseigneur engage les entrepreneurs Dotto, Delachanal et Rivier pour la construction du gros œuvre.
- 2 octobre 1931 : les plans détaillés sont achevés. Monseigneur émet des réserves. Les modifications sont apportées dans les jours suivants et la proposition définitive est acceptée le 5 octobre.
Quelques esquisses de Pierre Pouradier-Duteil pour le petit séminaire. |
Monseigneur Caillot rédige le lendemain une lettre pastorale pour annoncer la construction du nouveau petit séminaire.
- 17 décembre 1931 : premier coup de pioche, geste symbolique indiquant l’ouverture des travaux.
Arrivé un peu avant 15 h, Monseigneur se dirige vers l’endroit même où les lignes du plan général sont indiquées par des cordeaux tendus à un demi-mètre de hauteur et jalonnés çà et là de petits drapeaux. Il écoute alors longuement les explications de l’architecte puis procède à la bénédiction de l’emplacement. Après avoir récité les oraisons, il asperge le sol d’eau bénite en alternant avec l’assistance quelques versets du Miserere. Ensuite il se dirige vers l’endroit où l’abside de la future chapelle est dessinée par un demi-cercle de drapeaux tricolores et là, armé d’une pioche, spécialement fabriquée pour la circonstance et portant gravée sur son manche la date du 17 décembre 1931, il donne trois coups vigoureux dans le sol. Tour à tour, plusieurs personnes présentes, vont faire le même geste : monsieur le vicaire général Dubey, l’architecte, les chanoines Linossier et Bandet, l’abbé Nublat curé de Voreppe enfin les entrepreneurs et quelques ouvriers.
Bénédiction et premier coup de pioche |
- 17 mai 1932 : mardi de la Pentecôte à 15h, Monseigneur Caillot bénit la première pierre de la chapelle, dédiée au Sacré-Cœur, devant un parterre de prêtres et de fidèles. Au cours de la cérémonie il scelle dans un endroit prévu à cet effet une cassette contenant un parchemin écrit en latin, des médailles et des pièces de monnaie de 1932.
« L’an du Seigneur 1932, le 17 du mois de mai , sa Sainteté le pape Pie XI glorieusement régnant, Alexandre Caillot, par la grâce de Dieu et du Saint Siège, en la seizième année de son pontificat, a béni et posé cette première pierre pour la construction de la chapelle du petit séminaire en l’honneur du Sacré-Cœur de Jésus. »
La foule visite le vaste chantier et admire les travaux qui ont déjà beaucoup avancé depuis 6 mois. La moitié des bâtiments est réalisée jusqu’au 1er étage.
- 20 octobre 1932 : Monseigneur reçoit à Rome les encouragements du Saint-Père et une somme de 50 000 frs pour la construction.
- 5 mai 1933 : quatre drapeaux tricolores flottent aux deux bras de la croix. C’est la fin du gros œuvre, 12 mois moins 12 jours après la pose de la première pierre de la chapelle, un peu plus de deux ans après le choix de l’emplacement.
- 5 juillet 1933 : près de 250 membres de l’association Fraternelle des Anciens Elèves de la Côte-Saint-André et de Saint-Antoine se retrouvent pour leur assemblée générale. Beaucoup voient les bâtiments, en voie d’achèvement, pour la première fois.
A 10h15 une messe est célébrée, non dans la chapelle inachevée, mais dans l’entresol sous la chapelle elle-même. Ensuite tout le monde se rend dans la grande salle du réfectoire, où après les toasts et les différents discours, un somptueux repas est servi.
Les premiers élèves font leur entrée en octobre 1933. Les dernières finitions sont effectuées fin 1933 et au cours de l’année 1934. La statue du Sacré-Cœur adolescent n’est placée qu’à la mi-février 1935. En effet Henri Charlier a rencontré des problèmes avec le premier bloc de chêne et a dû en commander un autre, provoquant ainsi un retard important dans la réalisation de la statue.
Le coût total de la construction s’élève au 28 décembre 1933 à la somme de 5 114 966 francs, auxquels il faut ajouter les honoraires de l’architecte, environ 250 000 francs.
Charles Paillet
Documentations : archives diocésaines, archives départementale, Semaine Religieuse.